Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

La justice a besoin de nous... et de moyens - Mot du président

EIIL vs GAFA …

L’Etat islamique en Irak et au Levant contre Google – Apple – Facebook – Amazon…

Le monde vacille.

D’un côté, une menace terroriste d’une cruauté et d’un radicalisme insupportables, qui n’a pu émerger, il faut bien le reconnaître a posteriori, qu’à la suite d’une série d’énormes erreurs commises par les dirigeants du monde occidental.

De l’autre, quatre entreprises géantes, surfant sur les technologies de l’information et de la communication, prêtes à tout engloutir et à s’assurer des positions quasi monopolistiques, en s’appropriant toutes nos données personnelles.

Et j’oublie l’Ukraine, Gaza, la Libye, le Sud-Soudan et la Centrafrique, Boko Haram et Ebola… Autant d’actus qui sont au cœur de nos gouvernants.

Certes, il n’y a aucune comparaison possible entre les acteurs de ces drames. Ils se meuvent sur des terrains complètement étrangers.

Mais ils présentent un point commun. Celui de défier notre organisation sociale, nos valeurs, nos démocraties.

Et d’abord, notre justice. Et aussi le barreau.

De façon spectaculaire, par la voix de Monsieur Patrick Duinslaeger, procureur général près la Cour de cassation, la justice vient de se remettre en question. Dans la mercuriale qu’il a prononcée ce 1er septembre 2014, à l’occasion de la rentrée judiciaire, il a insisté sur les critiques dirigées contre notre Justice : lente, chère, insuffisamment transparente, incapable d’assurer la sécurité publique, voire inconséquente ou désinvolte. Il nous a exhortés à considérer ces critiques « comme des catalyseurs possibles pour aller vers le changement et la modernisation ». Il nous a même invités à, « sans aucune réserve ou retenue, présenter nos excuses à ceux qui par le passé ont été victimes des défaillances de notre système judiciaire », en soulignant que de telles excuses ne constitueraient pas « un aveu de faiblesse, mais plutôt un signe de courage et aussi d’humilité et de réalisme, de volonté de s’améliorer et d’espoir placé dans l’avenir ».

Il a, cependant, souligné que l’insuffisance chronique des budgets consacrés à la Justice (nous sommes très en deçà de la moyenne européenne, a-t-il démontré), contribuait largement aux critiques dirigées contre elle. Peut-on réellement exiger d’un service public plus, mieux, plus vite, plus efficace, plus adéquat, plus humain, plus digne,… en ne cessant de raboter ses moyens ?

Les défis que j’ai placés en exergue de cet éditorial ne font que souligner ce paradoxe. Plus que jamais, nous avons besoin d’une justice forte, rapide et efficace. Indépendante et performante.

Ceux qui nous gouvernent doivent l’entendre.

Et nous devons tous en être conscients.

Les critiques dirigées contre notre profession doivent aussi être entendues. Si nous voulons être à la hauteur du rôle d’acteur de justice que nous revendiquons, nous devons relever nos exigences, être capables de répondre aux sollicitations que le monde nous envoie.

Cela implique une réflexion sur la justice mais aussi un examen de nous-mêmes.

Donnons-nous les moyens de rester des acteurs indispensables dans la société du XXIe siècle.

Nous en parlerons en mai 2015, à l’occasion de notre congrès biennal. Et vous pouvez compter sur moi pour ne pas lâcher la pression d’ici là.